M comme Malevitch, M comme Mondrian
Retrouvée tardivement, une lettre de Kandinsky – écrite en allemand, non datée et dont on ignore le destinataire – relate une scène troublante dont les protagonistes sont Malevitch, Mondrian et lui-même. L’histoire évoquée est celle d’une soirée bien arrosée qui aurait mal tournée. Il précise que Piet, d’ordinaire assez sobre, s’était ce soir là lui aussi laissé aller à quelques excès.
Au cœur de la nuit, conversation animée, Kandinsky dévoile le fond de sa pensée : il reproche à ses amis leur “ dogmatisme totalitaire ”. Il fait en outre valoir que leurs positions respectives – mais somme toutes similaires – sont finalement, d’un absolutisme bourgeois et confortable. Blême, les mâchoires serrées, Mondrian rétorque en qualifiant la peinture de Kandinsky de “ décorative, avec des relents figuratifs mal dissimulés ”. Malevitch aurait alors ajouté : “ des images tout juste bonnes à être accrochées sur les murs d’une chambre de jeune fille ”. S’en était trop pour Kandinsky qui, selon ses propres dires, aurait alors frappé Malevitch au visage. S’en serait suivi un pugilat en règle mais à 2 contre un, et quoi que Kandinsky ait été le plus jeune, la lutte était par trop inégale.
Il est regrettable que la missive, dégradée, ait dans les années 1990 disparue lors d’un cambriolage, ne pouvant pour l’instant plus faire l’objet d’une étude scientifique approfondie.